Selon notre sondage de 2025, 5% de la population canadienne s'identifie comme bisexuel.le ou pansexuel.le, soit le même pourcentage de la population qui se dit "gai”/”lesbienne". Selon Gallup 2024, la proportion de personnes bisexuelles est beaucoup plus importante dans les nouvelles générations : on passe de 0.6% de personnes s’identifiant comme bisexuelles chez les baby-boomers à 15.3% chez la génération Z.
La Journée de la visibilité bisexuelle, célébrée chaque 23 septembre, est l’occasion de mettre en lumière cette orientation encore trop souvent invisibilisée, même au sein des communautés LGBTQ+. Dans cet article, on vous propose d'en apprendre plus sur la bisexualité, la biphobie, le “bi-erasure” et pourquoi la visibilité est essentielle.
La bisexualité, c’est quoi ?
La bisexualité désigne une attirance sexuelle et/ou romantique envers plusieurs genres. Bien qu'étymologiquement "bi" signifie "deux", être bi ne signifie pas forcément qu'une personne est attiré·e uniquement par les hommes et les femmes. Le "deux" peut référer à l'attirance à la fois par les personnes du même sexe/genre et par les personnes d'un autre sexe/genre (ce qui peut donc comprendre les personnes non binaires).
Important : Peu importe avec qui une personne bisexuelle est en couple, elle reste bi. L’orientation sexuelle ne dépend pas des relations que la personne a ou a eu, mais de l’ensemble de ses attirances vécues et des mots qu’elle met dessus.
Biphobie : Définition et exemples
La biphobie c'est l'ensemble des attitudes, des actes et des paroles négatives envers la bisexualité pouvant mener à la discrimination, directe ou indirecte, envers les personnes bisexuelles ou celles perçues comme telles. En voici quelques exemples :
- Invisibilisation : “C'est un homme et il est avec une femme, donc il est hétéro." "C’est juste une phase.”
- Hypersexualisation : “C’est hot que tu sois bi, tu veux faire un plan à trois ?”
- Rejet basé sur des stéréotypes : “Je pourrais pas sortir avec une bi, j’aurai trop peur qu’elle me trompe”
- Violences physiques ou sexuelles.
La biphobie : aussi présente dans les communautés LGBTQ+
La biphobie ne vient pas uniquement de l’extérieur des communautés LGBTQ+. Certaines personnes homosexuelles refusent de sortir avec des personnes bisexuelles, ou trouvent qu’elles n'ont pas vraiment leur place dans les communautés LGBTQ+ parce qu’elles bénéficieraient de privilèges hétérosexuels.
En réalité, les personnes bisexuelles sont particulièrement vulnérables. Selon Statistiques Canada 2020 :
- 41 % des bisexuel.le.s ont déclaré une santé mentale mauvaise ou passable, contre 20 % des gais et lesbiennes et 11 % des hétérosexuel.le.s.
- 62% des bisexuel.le.s ont déclaré avoir vécu une agression physique ou sexuelle, contre 53% pour les gais et lesbiennes et 37% pour les hétérosexuel.le.s
La représentation de la bisexualité
La représentation des personnes bisexuelles dans les médias est non seulement rare, mais aussi biaisée.
Bien que les personnes bisexuelles représentent 56% des adultes LGBTQ+ (Gallup 2024), à la télévision (GLAAD 2024) comme dans les films grands écrans (GLAAD, 2025) elles représentent le quart des personnages LGBTQ+. De plus, les personnages qui semblent être bisexuels le sont rarement explicitement. Cependant certaines représentations sont porteuses d’espoir, par exemple le personnage de Nick Nelson dans Heartstopper.
Bi-erasure : Pourquoi la visibilité est essentielle
Le phénomène d'invisibilisation de la bisexualité, ne se limite pas aux écrans, et est tellement commun qu’on lui a donné un nom : "bi-erasure" ("effactement bi" en anglais). En voici quelques exemples :
- Une femme bisexuelle identifiée comme lesbienne lorsqu'elle est en couple avec une autre femme puis comme étant "redevenue hétérosexuelle" si elle se met en couple avec un homme.
- Un homme bisexuel qui est sorti par le passé avec des femmes et qui sort maintenant avec un homme qu'on félicite d’assumer enfin "son homosexualité".
Ce refus de reconnaître la bisexualité contribue à l’isolement et à la détresse psychologique.
Au contraire, promouvoir la visibilité des personnes bisexuelles c’est :
- Permettre à des personnes de se reconnaître, de mettre des mots sur ce qu’elles vivent, et de trouver une communauté.
- Lutter contre les stéréotypes
- Célébrer la diversité qui existe au sein des personnes bis et de leurs vécus.
Ce qu’il faut retenir :
- La bisexualité n’est ni une mode, ni une confusion, ni une hypersexualité. C’est une orientation légitime, stable, et vécue par des centaines de milliers de personnes au Canada.
- La biphobie a des conséquences graves, et on peut la trouver partout : même dans les milieux LGBTQ+.
- La visibilité permet de briser l’isolement et de créer des communautés.
- Il est temps de reconnaître, respecter et célébrer les personnes bi.
Pour aller plus loin :
- Partagez cet article ou du contenu créé par une personne bisexuelle à propos de la bisexualité.
- Demandez une formation de la Fondation Émergence
- Lisez notre article : Pistes pour contribuer au changement comme personne alliée